Pour mon suivi de grossesse, j'ai choisi une sage-femme libérale. Dit comme ça, on dirait une pub et c'est un peu l'idée. Ça a été un choix militant, pour soutenir une profession qui peine à trouver sa place au milieu des patientes qui choisissent le tout hôpital et de celles qui se tournent naturellement (mais sans raison objective en cas de grossesse physiologique) vers un gynécologue.
Ma sage-femme libérale est la quintessence de la sage-femme. Exactement ce qu'on imagine quand on nous dit "sage-femme" (à condition qu'on ait dépassé l'idée qu'une sage-femme, c'est uniquement la gonzesse qui se poste entre nos jambes pour réceptionner l'enfant hurlant qu'on va expulser comme une grande d'une poussée longue et énergique) (ou l'idée qu'une sage-femme, c'est la gonzesse qui va appeler le gynécologue à la rescousse si l'enfant n'arrive pas tout cuit dans ses bras à la suite de notre poussée longue et énergique). Ma sage-femme, elle prescrit de l'homéopathie et des remèdes aux plantes, elle dit "Ecoutez votre corps car il sait faire", elle n'est pas contre la péridurale mais enfin si vous pouvez vous en passer c'est toujours mieux, elle dit "Faites un voyage dans votre petite grotte et plantez-y un panneau Tout va bien se passer", elle est aussi sophrologue et ostéopathe. Je préfère toujours ça à une dame (ou un monsieur) aigri(e) qui vous met une main dans le vagin à sec et dont les séances de prépa se résument à "Demandez la péridurale et faîtes ce qu'on vous dit" (entendons-nous bien : quand j'ai accouché, j'ai demandé la péri et fait exactement ce qu'on m'a dit de faire mais j'ai bien aimé pendant la prépa qu'on me fasse croire que ça pouvait se passer autrement).
Tout ça pour dire que ma sage-femme, quand elle nous a expliqué l'allaitement, elle a prétendu qu'il fallait une paire de seins, et puis voilà. C'est pas faux. C'est pas tout à fait vrai non plus.
A la maternité, je ne peux pas dire, j'avais la belle vie. Je n'avais pas eu ma montée de lait, je me baladais sans soutien-gorge, mes seins ne fuitaient pas (du verbe fuiter, à ne pas confondre avec fuir). Cependant, je faisais déjà une entorse à la règle "deux nichons et puis c'est tout" car j'étais fort fort contente d'avoir pensé à prendre dans ma valise :
- de la crème pour seins. Un mini-mini-tube de marque Lansinoh, 100% lanoline (qui est donc du sébum de mouton, pour ceux qui se demandent, glam). Car les premiers temps, mes seins me faisaient très mal, et surtout j'avais d'énormes crevasses sanglantes qui effrayaient toutes les personnes venues me reluquer la poitrine m'expliquer comment nourrir ma petite. Il paraît que l'effet des crèmes à sein dans la gérison des crevasses n'est absolument pas prouvé. Il paraît aussi qu'une goutte de lait maternel après chaque tétée a le même effet cicatrisant. Honnêtement, je ne sais pas, je n'ai pas voulu tester l'auto-guérison avec ou sans lait maternel. La crème, au moins ça me soulageait, et ça me donnait l'impression de faire quelque chose. De fait, mes crevasses ont cicatrisé en quelques jours, et la douleur a diminué progressivement, jusqu'à disparaître. Le mini-mini-tube m'a suffi pour tout mon allaitement. A raison d'un petit pois par sein à chaque tétée les deux premières semaines, puis d'un petit pois de temps à autre si ça fait mal, puis de plus du tout.
A la maison, je n'avais plus les traversins moelleux de la maternité. Et je n'avais pas jugé bon d'investir dans un coussin d'allaitement puisque rappelez-vous "une paire de seins et puis c'est tout". Pour positionner correctement son bébé, nul besoin de coussin d'allaitement. Plaqué sur le ventre, tout juste soutenu par le bras (en position de la madone), il tient plus ou moins tout seul. Par contre, ce dont moi j'ai besoin pour allaiter, c'est de quelque chose pour soutenir mon dos. C'est pour ça que j'ai :
- une vache d'allaitement.
Soyons clairs, je n'ai pas investi dans une grosse peluche vache sphérique en pensant à mon allaitement. D'ailleurs, ce n'est pas moi qui l'ai achetée, mais Papa-Chat, il y a quelques années. Mais en plus de son potentiel hautement décoratif, cette vache permet de soutenir le dos de façon efficace en s'adaptant à sa courbure. Si vous n'aimez pas l'originalité de la vache d'allaitement, pensez à vous réserver un fauteuil moelleux ou un gros coussin pour être confortablement installée pendant que vous allaitez et ne pas trop faire souffrir votre dos.
Puis est venu le temps des rires et des chants du lait à profusion et des débordements. Paniquée (à juste titre) par la quantité de lait qui sortait de mes seins, j'ai envoyé illico Papa-Chat me chercher :
- un soutien-gorge d'allaitement (non, cette fois-ci, ce n'était pas la maxime "des seins et puis rien" qui avait retardé mon achat, mais plutôt une sorte de flemme, doublée d'un "on verra bien"... je ne suis pas tellement soutien-gorge-friendly à la base et mon 85B habituel ne m'en veut pas vraiment) pour contenir ma poitrine doublée de volume et les coussinets dont je ne pouvais plus me départir. Mon premier a été un Tex (modèle disponible à Carrefour). Un Nuk (seul modèle disponible à Monoprix) est rapidement arrivé pour permettre au premier, régulièrement inondé, de passer à la machine. Enfin j'ai commandé deux soutien-gorges supplémentaires sur Vertbaudet.
- L'avantage du Tex Baby, c'est son ouverture facile sur le haut, mais il n'est pas très joli (avec une espèce de vieille dentelle cheap -je n'ai pas retrouvé le modèle exact sur internet, celui mis en lien semble mieux) et pas très confortable. J'ai pris du 90C et c'est à peu près bien.
- Le Nuk n'est pas extrêmement sexy (à la limite, je m'en fiche un peu) mais il est très confortable. Par contre, il coûte un bras (40€) (oui, je ne vends pas mes bras pour cher non plus) et c'est une véritable galère pour l'ouvrir. Et quand on a un bébé qui piaille de faim à côté, et souvent une main coincée par ledit bébé, c'est problématique (du coup je le fais avec mes dents, mais je suis très habile de mes dents, ce qui n'est pas donné à tout le monde). J'ai pris une taille 2 et elle est juste juste, elle me serre un peu bien qu'elle soit censée couvrir largement ma taille de bonnet. Par contre, on peut recycler la boîte en porte-crayons, ce qui est plutôt cool.
(posé avantageusement sur l'autel à la gloire de notre fille l'arbre à chats)
- Les Vertbaudet (de marque Colline) sont plutôt jolis et s'ouvrent facilement entre les deux seins. J'ai pris du 95D (c'était la seule taille restante et comme le Tex et le Nuk étaient un peu justes...) mais ils se sont révélés un peu trop grands. De plus, ils ne sont pas extrêmement confortables et ne tiennent pas très bien la poitrine, indépendament du problème de taille, ce qui peut provoquer des fuites (surtout la nuit). Au moins ils étaient vendus par deux et pour pas chers. Et (à la bonne taille ça doit être mieux) ça reste une lingerie plus glamour que les précédents soutien-gorges.
Bref, je n'ai eu aucun coup de foudre pour un de ces soutiens-gorges d'allaitements (j'en ai vus d'autres qui ont l'air pas mal sur Vertbaudet mais bon, quatre me suffisent), et malgré tout je me les coltine 24h/24, jour et nuit. Tout comme leurs meilleurs potes :
- les coussinets d'allaitement. Indipensables pour éviter de jour d'avoir la honte au supermarché avec une grosse tache de lait au milieu du tee-shirt, et de nuit d'inonder tous ses draps de façon impromptue. J'ai également testé trois marques, les Pommette d'Intermarché, les Nuk et les Tex de Carrefour. Entre les Pommette/Nuk (qui se valent) et les Tex, il y a la différence qu'il y a entre des serviettes de marque spécialisée et des serviettes de marque distributeur. Petit comparatif :
- Les premiers sont plus moelleux, doux, confortables, cocoonings et les seconds paraissent plus synthétiques.
- Le gros avantage des Pommette/Nuk, c'est qu'ils sont plus petits, moins imposants que les Tex.
- Mais il y a également la différence de prix qu'il y a entre ceux des marques spécialisées et ceux des marques distributeurs (les 50 Tex sont à peu près au même prix que les 25 Pommette ou Nuk) et au porté, la différence de ce texture ne se sent pas.
- Et il est quand même plus pratique d'acheter les coussinets par grosse boîte, que de devoir racheter une boîte tous les trois jours.
Donc moi j'aurais plutôt tendance à conseiller les Tex.
Enfin, un tire-lait et un biberon viennent compléter cet équipement, mais comme je l'ai dit, je ne m'en suis jamais servi pour nourrir Choupie-chat. C'est tout de même bien d'avoir cette petite sécurité (imaginons qu'un dimanche, bébé décide de faire une grève de la tétée et ne veuille que du biberon).
Bref, si on s'est quelque peu éloigné du "une paire de seins et puis c'est tout", il n'y a tout de même pas un gros investissement de départ à fournir. Ce qui coûte le plus cher, ce sont les coussinets d'allaitement. Mais il est également possible d'en acheter des lavables, plus économiques et plus écologiques. En plus ça doit être plus agréable à porter.
Voilà, j'espère que vous y voyez plus clair, que vous vous êtes fait un stock de bonnes raisons pour allaiter, ou pour ne pas allaiter, et que si vous vous lancez dans cette grande aventure, vous êtes à présent armée (au féminin, oui, car on n'a pas encore inventé l'allaitement masculin... malheureusement) !
J'ajoute que je suis désolée de poster si tard, mais qu'avec un bébé qui fait ses dents et très peu de siestes, c'est un peu compliqué en ce moment. Je vous dis tout de même à très vite... et j'espère pouvoir honorer cette promesse !