Le petit deuxième

Je lisais il y a peu sur le blog de Yeahyeahgirl qu'elle ne voulait surtout pas "s'handicaper" avec un deuxième enfant. On peut dire qu'en ce moment, ces mots trouvent une résonance toute particulière chez nous. A la différence qu'elle souhaite ainsi préserver la simplicité de sa vie alors que notre volonté à nous serait plutôt de ne pas la compliquer plus qu'elle ne l'est déjà.

Soyons clairs, nous adorons notre fille. Quand bien même nous affirmerions le contraire, nous serions démentis par l'existence de ce blog, mon mur facebook croulant sous les photos de bébé ou le désir compulsif de Papa-chat de pousser la poussette pour montrer au monde entier que c'est sa fille à lui qui est à l'intérieur et à quel point elle est réussie. Mais on ne peut nier qu'en ce moment, elle est particulièrement difficile, criant sans raison apparente, ne supportant pas qu'on la pose, chougnant dans nos bras, ne se calmant qu'au sein, pleurant encore après avoir tété. On nous a parlé de dents, de poussée de croissance, de manque de sommeil, de période glue... Elle tète, elle dort, elle ne nous quitte pas d'une semelle, elle s'endort tous les soirs avec du doliprane... rien n'y fait. J'ai l'intuition (et l'espoir surtout) que ça va passer. Mais en attendant, on s'accroche à ses sourires, ses gazouillis et ses jolis yeux bleus pour ne pas la jeter par la fenêtre. Et même Papa-chat a décidé il y a quelques jours que les bébés, pour nous, c'était fini pour toujours.

(Photo d'illustration. En réalité, sur cette photo, elle n'est pas vraiment en train de criser, elle fait juste une grimace en se raclant les gencives -quand je vous dis qu'elle a mal aux dents. Et je crains que cet air désespéré que j'arbore soit mon air naturel)

Papa-chat, il a toujours voulu un autre enfant. Quand j'étais enceinte, que c'était tellement horrible et que je prétendais qu'on adopterait tous les prochains, il me faisait une petite moue en bredouillant : "Juste encore un à nous". Quand Choupie-chat est née et que je reprenais une contraception tant bien que mal (la pilule n'a jamais été ma BFF, je ne la prends pas à heure régulière et j'ai pratiquement un oubli par mois), il me disait : "Moi ça ne me dérangerait pas si on en avait un deuxième tout de suite." Bref, plein de belles paroles pour finalement déclarer, après une semaine de hurlements, que les bébés, il en avait définitivement sa claque. Je ne serais pas aussi catégorique. Mais clairement, je n'ai pas envie de retomber enceinte dans les deux années à venir.

Parce que figurez-vous qu'on nous demande déjà si on n'a pas envie de mettre en route le prochain. Et ce n'est pas si aberrant que ça. J'ai mis huit mois à concevoir celle-ci, en y mettant beaucoup de bonne volonté. J'ai des cycles très irréguliers (durant ma grossesse, il n'y avait pas moins de trois semaines de différence entre ma date d'aménorrhée théorique et ma date d'aménorrhée réelle), sûrement une fertilité toute relative et un mari assez peu porté sur le sexe en période d'ovulation ("Je-ne-suis-pas-qu'un-géniteur" power) (Que répondre à ça ? "Si, et maintenant au boulot !" ?). En admettant que je me contente d'arrêter ma contraception et de laisser faire, il ne serait pas surprenant qu'on mette un an à concevoir le deuxième. Mon bébé a 3 mois, il en faudra neuf pour mettre au monde son petit frère. Ainsi, on arrive très rapidement à deux ans d'écart, soit un écart somme toute très classique dans une fratrie. Mais un bébé de 2 ans, c'est encore collé à sa maman, ça ne parle pas bien, ce n'est pas propre, ça ne va pas à l'école. Un bébé de 2 ans est encore un bébé et ai-je vraiment envie de m'occuper de deux bébés en même temps ?

Papa-chat et moi, nous venons tous les deux de familles relativement nombreuses. Je suis l'aînée d'une famille de trois filles et un garçon (dans cet ordre) et il est le petit dernier d'une famille de trois filles et un garçon (non, nous ne sommes pas frère et soeur, quoique nos mères aient le même âge et nos pères le même prénom). Nous savons ce que c'est d'avoir des frères et soeurs. Est-ce que cela me semble appréciable ? Oui, mais je m'en suis surtout rendue compte à l'âge adulte, que ma fratrie était précieuse. Quand j'étais petite, le quotidien avec mes soeurs (mon -demi-frère ayant dix-neuf ans d'écart avec moi, il n'existait pas quand j'étais petite) était rythmé de bagarres, de disputes, de bêtises communes dont les conséquences finissaient toujours par retomber ou sur l'une ou sur l'autre. Je n'aimerais pas que ma fille soit fille unique, mais je crois qu'elle ne serait pas plus malheureuse si elle avait quatre, cinq ou six ans d'écart avec son frère ou sa soeur. Assez pour souhaiter et ne pas subir ce nouveau bébé, assez pour être complices sans virer partners in crime.

Enfin, ça c'est évidemment dans le petit monde parfait de Chat-mille. Dans la vie réelle, peut-être bien que ma contraception prise à la vas-y-comme-j'te-pousse finira par me jouer un tour, peut-être bien que dans trois mois je voudrais passionnément un nouveau bébé, peut-être bien que Choupie-chat nous reprochera toute sa vie de ne pas lui avoir donné un frère ou une soeur d'âge rapproché, peut-être bien que notre machine à bébé se grippera et que notre petite restera à jamais fille unique. On ne peut pas savoir, en fait. La seule chose qui est sûre, c'est que le petit deuxième, il n'est pas pour tout de suite.

Alors chères amies, chères soeurs, faites des bébés ! Laissez-moi m'extasier sur les petites bouilles de vos propres créations, les couvrir de cadeaux, les prendre dans mes bras, les aimer moins que ma fille mais me payer le luxe de les aimer de loin, sans me taper les nuits hachées et les pleurs inconsolables. Chères amies, chères soeurs, pour les quatre prochaines années, c'est sur vous que je compte pour donner à ma merveille des merveilles des petits camarades de jeux !

Marre de tout faire moi-même, zut !

Comments

[lilyjacques]

Tu sais que mon petit mari est pareil que le tein avec la poussette ! ils sont chous quelquefois !)

Tu sais que je te comprends pour le 2e : pas plus tard qu'hier mon mari me disait pendant une crise de hurlements de roudoudou : et tu veux faire le transfert d'embryons dans quelques mois ???? Je dois avoir un petit coté maso, mais bon si ça marche tout de suite au moins on passera plus vite aux moments où ils se bagarrent la journée qu'aux pleurs la nuit ? (dis moi, c'est mieux non ?).

Au fait par rapport à ton commentaire sur le blog, on a bien essayé de différer la sieste quand il pleure, l'ennui c'est qu'il continue de pleurer près de nous ... Enfin, c'est sans doute une passade, là il a couiné (pas pleuré) 5 minutes avant de s'endormir. Croisons les doigts !

PS : trop chou ta pépette (idem ici avec les gencives on est officiellement "enfonceur' de sophie la girafe et masseur de gencives !)