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Choupie-chat, Papa-chat, la vie et moi...
1 août 2014

Pour une maternité décontractée du slip

Alors je sais, ce genre d'article peut paraître surprenant de ma part. De la part d'une fille qui a fait une attaque de panique, enceinte de 4 mois, à base de "Je n'y arriverai pas"/"Je n'en suis pas capable"/"Je vais mourir" dans un train en direction de la Normandie (ne cherchez pas, les crises d'angoisse sont rarement rationnelles) (il faut vraiment que je vous raconte ma grossesse un jour). De la part d'une fille qui, lors de son enterrement de vie de jeune fille, a été élue Mlle Stressée en chef. De la part d'une fille qui interroge Google quinze fois par jour pour trouver des maladies potentiellement mortelles à son bébé ("rougeur cuisse bébé", "hyperactivité bébé", "reconnaître diarrhée bébé", etc.).

Mais j'assume. S'il y a un défaut à mon sens que partagent beaucoup de jeunes profs, de baby-sitters et de jeunes parents, c'est l'excès d'autorité. Déjà parce qu'il ont besoin d'affirmer ainsi une légitimité à laquelle ils ont eux-même du mal à croire. Ensuite parce qu'ils pensent vraiment bien faire. C'est comme ça que les parents les mieux intentionnés du monde en viennent à interdire complètement la télé parce que c'est maaal, à imposer viande/légumes/yaourt nature à tous les repas parce que c'est bieeen, et même parfois à frapper leurs enfants pour leur apprendre la vie.

Petite parenthèse à ce sujet. Il suffit de lire les commentaires à la suite d'un article sur la fessée pour se rendre compte que la plupart des parents considèrent qu'ils ont raison de taper leurs enfants parce qu'eux-mêmes n'en sont pas morts. Argument pour le moins douteux. Justifierait-on un vol à l'arraché, un braquage ou un viol par le fait qu'il n'y ait pas eu de mort ? Sans compter que si le meurtre n'est pas automatique, il reste possible, tout comme un enfant battu peut décéder sous les coups de ses parents. Devrait-on juger de la gravité des actes par leurs conséquences ? "Attendez Monsieur le Juge, il est vrai que j'ai mis du cyanure dans le café de ma femme, mais enfin, voyez, elle n'en est pas morte !" La violence éducative, on sait où ça commence (et même pas vraiment, en fait, car certains considèrent qu'une fessée n'est pas une vraie violence et d'autres dont je fais partie que certains mots, certaines punitions sont déjà une forme de violence) mais on ne sait pas où ça finit.

Et puis dans l'excès d'autorité, il y a aussi un plaisir moins avouable de passer du statut de dominé à celui de dominant, de faire payer l'enfant pour ce qu'on a subi auparavant parce que c'est dans l'ordre des choses. Alors attention, je ne dis pas qu'on doit laisser les plus jeunes faire n'importe quoi sous prétexte que ce ne serait pas sympa d'émettre une critique. Il faut juste savoir où on met la limite entre éducation et abus de pouvoir.

Dans ma folle jeunesse (qui termine dans quinze jours puisque j'aurai 26 ans et par conséquent plus le droit à tous les avantages mirifiques des 25 ans et moins), j'ai eu la grande chance d'être jeune fille au pair. Quatre fois. Je ne sais pas si c'est quelque chose que j'aimais vraiment, ce qui est certain, c'est que le séjour au pair, c'est un peu comme une drogue. Après chaque trip (wouh, blague bilingue), on se dit que maintenant on est trop vieux pour ces bêtises, et pourtant on y retourne toujours. Ça m'a apporté plein de bonnes choses : de la confiance en moi, de chouettes copines virtuelles (Marie, Claire, Eléonore, si vous me lisez... d'ailleurs, Claire, bon mariage !), le prénom de ma fille et surtout une certaine expérience éducative (car oui, quand pendant trois mois tu passes des journées de douze heures seule avec des enfants, je considère que tu as un rôle certain à jouer dans leur éducation).

Assez pour me rendre compte qu'en exigeant des enfants plus qu'on n'exige de soi-même (car un adulte, ce n'est rien de moins qu'un enfant qui a grandi et qui prend plaisir à faire tout ce qu'il ne pouvait pas faire avant : s'abrutir devant la télé, manger gras et sucré, laisser traîner ses affaires...), on récolte plus de révolte que d'obéissance. Je sais donc à peu près quelles limites sont pour moi importantes à poser. On a le droit de courir, crier, se salir, regarder de temps en temps la télé, ne pas toujours manger équilibré, ne pas ranger systématiquement après avoir joué... mais on ne peut pas se bourrer de gâteaux après avoir boudé un repas, frapper un adulte ou un autre enfant (si si, j'en ai eu un, de petit garçon à garder, qui frappait tout le monde, moi comprise), faire l'idiot dans la rue à côté des voitures...

Alors vous allez me dire : "Ben oui, mais ta fille, elle a 3 mois, elle ne va pas aller courir après les voitures." Certes non. D'ailleurs, ma fille ayant 3 mois, il n'y a pas beaucoup de choses avec lesquelles je dois me montrer intransigeante la concernant. Les seules choses pour lesquelles on insiste, c'est pour qu'elle reste calme avec nous le soir quand on regarde la télé ou une série sur l'ordi (parce que c'est sans blaguer notre seul vrai moment de détente de la journée) et bien sûr pour qu'elle continue à dormir la nuit, au moins jusqu'à 7h30 (généralement elle se réveille vers 6h et on la recouche -et on se recouche !- quand elle a mangé). Pour ces deux choses, préserver nos soirées et nos nuits, oui on impose et on va dix fois re-proposer la tétine et trois fois re-donner le sein s'il le faut. Pour tout le reste, il y a MasterCard on s'adapte. Elle ne veut pas faire de sieste, on la récupère avec nous, elle ne veut pas rester dans le transat, on la pose sur le tapis d'éveil, elle ne veut pas rester sur le tapis d'éveil, on la prend dans nos bras, elle veut manger, elle mange, elle veut dormir, elle dort.

pasdodo("Eh eh, et tu pensais que j'allais dormir ?")

Ça ne veut pas dire que youpla c'est la fête, elle est tout le temps dans nos bras et ne fait jamais de sieste. Tous les jours on re-belote, dès qu'on la sent fatiguée, on la couche, dès qu'on a quelque chose à faire avec nos bras (euh, presque tout le temps à vrai dire), on la met dans le transat ou sur le tapis. Elle fait des siestes sur notre lit au lieu de les faire dans son lit, on lui parle dans son transat, on joue avec elle sur son tapis. Elle y reste le temps qu'elle y reste, mais chaque petite minute supplémentaire où elle dort pendant la journée, chaque petite minute supplémentaire où elle reste seule et tranquille est une petite victoire pour son indépendance, son bien-être (ben oui, plus elle dort, moins elle est grognon, magique !) et la réappropriation de nos vies. On évite seulement de le faire dans la douleur, pour elle ou pour nous.

Est-ce une règle d'éducation ? Oui et non. C'est un de mes principes éducatifs de ne pas abuser de mon pouvoir d'adulte. C'est un de mes principes éducatifs de laisser de la liberté aux enfants pour éviter autant que possible de la frustration, des cris et les larmes. Mais c'est aussi une volonté personnelle et égoïste de ne pas me compliquer trop la vie, de lâcher du leste, de ne pas être sans cesse sous pression. Elle ne faisait pas ses nuits, ce n'était pas grave, elle ne fait que des mini-siestes, ce n'est pas grave, elle ne voudra pas de petits pots à la carotte, ce ne sera pas grave. Tout vient en son temps avec de la patience et de la persévérance.

D'ailleurs là, elle dort. Depuis plus de deux heures. Et il est 14h. Comme quoi.

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Commentaires
L
alors ? à quand un nouvel article ? au fait merci pour le faire part de naissance (je ne crois pas t'avoir encore remerciée), elle est trop choupie sur la photo !
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C
wouhou, j'ai une dédicace dans l'article hiiiii :) <br /> <br /> (sinon, il est trop tard pour que je réagisse au reste mais je lis et m'instruis lol)
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L
décontractées avec un "s" ça ira mieux ! dire que je suis professeur des écoles !
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L
Espérons que nous arriverons à être plus décontractée en tant que maman ... je vois que tu es sur la bonne voie !
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