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Choupie-chat, Papa-chat, la vie et moi...
19 septembre 2014

Sommes-nous responsables de nos BABI ?

Un message pour confesser, pour expliquer, pour questionner et pour m'excuser.

Mais tout d'abord, pour les plus néophytes d'entre vous, pas encore à l'aise avec le nouveau langage de la puériculture, qu'est-ce qu'un BABI ? BABI est un acronyme, pour "Bébé A Besoins Intenses". Si si, vous savez ce que c'est, un bébé à besoins intenses, c'est un bébé qui, s'il est porté, est sans cesse en écharpe, un bébé qui, s'il est allaité, est sans cesse au sein, un bébé qui hurle quand on le pose (j'aime beaucoup l'expression d'Anne de Dans ma Tribu : "il hurle à la mort comme si tu l’avais laissé au milieu de la forêt à côté d’une tanière de loups", c'est tellement ça !), un bébé qui dort très peu en journée et mal la nuit... bref, une sorte de Koh Lanta du quotidien pour parents désireux de dépasser leurs limites. Je trouve ça drôle, le terme de BABI, ça me plaît en tant qu'amatrice de mots. Quand on est dedans, évidemment, c'est nettement moins rigolo.

Ceci étant dit, deux questions que je me pose depuis des mois : "Choupie-Chat est-elle un BABI ?" et "En suis-je responsable ?"

Alors bien sûr, que j'en suis responsable. BABI ou pas, nous habitons une bourgade assez isolée pour nous interdire la présence d'une main secourable au quotidien (la bourgade en question comptait certes 156 133 habitants en 2009, mais tous mes amis ont fui en courant dès qu'ils l'ont pu) (j'estime donc sa population actuelle à 156 126 habitants environ). Ainsi, nous sommes, mon mari et moi, 100% responsables de notre fille (c'est en écrivant cela qu'on voit que, vraiment, on est devenus adultes : rendez-vous compte, on nous confie un enfant, et personne n'est là pour contrôler qu'on l'habille assez chaudement ou que son bain n'est pas brûlant).

Mais si l'on admet qu'elle est un BABI, ou pas loin d'être considérée comme un BABI, peut-on penser que c'est de notre faute ? Il me semble, je peux me tromper, que ces BABI sont un phénomène caractéristique de notre époque. Je ne crois pas avoir entendu parler de telles choses dans la génération de nos parents ou de nos grands-parents. Est-ce par ce qu'on y accordait moins d'attention, qu'on appelait seulement un enfant hyperdépendant "un petit enquiquineur" (avec ce lexique merveilleusement désuet, car bien sûr nos parents ne disaient pas de gros mots) ? Ou est-ce parce qu'ils n'existaient pas ? Est-ce parce que les enquiquineurs étaient assez rapidement matés pour rejoindre le rang sans passer par la case pétage de plomb parental ? Et dans ce cas ne devrions-nous pas nous aussi "mater" nos bébés dès le plus jeune âge pour éviter qu'ils ne se transforment en monstres ?

Je ne dis pas que c'est ce que je souhaite faire, je pose la question. J'ai aussi l'impression qu'il y a à notre époque une doctrine entre parents, bien démagogique, qui consiste à dire : "Tu ne peux pas rater l'éducation de ton enfant, tu fais forcément de ton mieux, et ton mieux suffit amplement". Et elle nous arrange bien, cette doctrine de "Tu es le parent, c'est toi qui vois, tu fais ce que tu peux." Je suis la première à sentir la She-Hulk qui sommeille en moi s'éveiller quand on me dit : "Et si tu faisais comme ça, plutôt, tu ne crois pas que ça irait mieux ?" MAIS PUTAIN, QUI C'EST QUI SUPPORTE TOUTE LA JOURNEE SES CRIS, A CETTE MOME, C'EST TOI OU C'EST MOI ?!!! (en majuscules, tant qu'à faire).

J'aime ma fille, je veux ce qu'il y a de mieux pour elle. Et pour moi, le mieux, c'est justement qu'elle se sente toujours aimée. Ne jamais tenter de lui apprendre quelque chose par la manière forte, toujours privilégier la douceur, quitte à ne rien lui apprendre. Ne pas crier quand elle fait des bêtises (si si, à 4 mois elle fait déjà des bêtises : elle griffe mon visage, met ses doigts dans mon nez, arrache mes lunettes, elle touche et machouille tout ce qu'elle trouve et surtout ce qu'il ne faut pas...), ne pas la laisser dans sa détresse quand elle pleure.

L'autre jour, chez ma mère, le babyphone a eu apparemment une faiblesse, et quand Papa-Chat est allé aux toilettes, il a entendu Choupie-Chat hurler dans son lit à l'étage. Depuis quand ? J'étais montée vérifier qu'elle dormait bien dix minutes auparavant, pleurait-elle depuis tout ce temps ? Qu'avait-t-elle ressenti durant ces longues minutes où elle s'époumonait mais où personne ne venait ? J'en étais malade. Pour ma mère, au contraire, c'était plutôt une bonne chose, qu'elle apprenne que ce n'est pas à elle de décider si elle doit rester ou non dans son lit, qu'elle s'épuise un peu à pleurer, qu'elle finisse par arrêter toute seule. Qui suis-je pour dire que mon attitude est la plus bénéfique sur le long terme ? Sa mère, certes, mais ma mère aussi est une mère et ce n'est pas pour autant que j'approuve ses méthodes éducatives, quoique j'en aie été la première bénéficiaire.

Et j'ai beau dire et redire que je ne crois pas aux caprices des bébés, j'ai de plus en plus de mal à le soutenir devant les autres, qui voient mon petit ange se mettre à pleurer au moment précis où je traverse son champ de vision : "Maman, regarde comme je suis triste, prends-moi dans tes bras ! Maman ! Maman !" (oui, je parle bébé couramment, et malheureusement mes proches aussi) J'ai une relation particulière avec ma fille, je sais que je suis spéciale à ses yeux : je suis la seule qui peut calmer ses gros chagrins, mais je suis aussi celle qui peut provoquer les gros chagrins, alors que tout allait bien, simplement en me désintéressant d'elle. J'ai un pouvoir sur elle à double-tranchant, et au final c'est elle qui fait de moi tout ce qu'elle veut.

Nous qui nous plaignons de nos BABI comme si l'une des dix plaies d'Egypte nous était tombée sur le coin de la tronche, ne devrait-on pas se demander s'ils ne sont pas notre création, si nous n'avons encouragé la tendance naturelle de certains enfants à se gluer à leurs parents ? Parce qu'en vrai, c'est si bon de se sentir indispensables, c'est si bon de sentir son enfant se calmer instantanément en sentant nos cheveux, c'est si bon, en somme, de se sentir aimé au point de vouloir fusionner à toute heure du jour ou de la nuit.

bapt(photo de baptême : non ma fille n'est pas tous les jours déguisée en enfant modèle... bien loin de là, même !)

Et puis des fois, je dois dire que je trouve ça plutôt bien, cette histoire de BABI. Parce que mine de rien, ça montre que ma fille a une personnalité, quoi qu'on puisse penser de ladite personnalité. Et si les gens extérieurs ne supportent pas que mon bébé ne reste pas passif sur leurs genoux en faisant des risettes, les méritent-ils, ces risettes ? Mon bébé n'est pas une poupée, elle a des soucis comme tout le monde et elle les exprime comme tout le monde. Je n'ai pas besoin qu'elle soit toujours sage pour l'aimer, et si les gens ne l'aiment que parce qu'elle est calme et grâcieuse, si ça ne les intéresse pas de vivre avec elle même quand elle râle, même quand elle crie, sans doute font-ils bien de me laisser m'en occuper.

Ce que je fais, donc, 24h/24, 7j/7. Ce qui explique que je sois moins présente sur ce blog, car ma fille qui a toujours eu un fort caractère le développe de plus en plus au détriment de mes propres activités. Mais je tiens bon. Et tout en la défendant farouchement contre ceux qui voudraient la mater, tout en me demandant secrètement si je n'ai pas loupé un truc, à un moment, comme un coche du bébé modèle, j'espère toujours que quand elle grandira, quand elle aura 6 mois, 9 mois, 1 an, on sera tous moins frustrés et plus apaisés.

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