Ce n'est pas quelque chose d'explicite. Pas vraiment, pas franchement. Ce n'est pas quelque chose qu'on dit. C'est quelque chose qui se sent.
- Des oublis récurrents, comme une série de petits actes manqués. "Mince, comment j'ai pu louper trois jours ?"
- Des sous-entendus. "Ça ne me dérangerait pas si...", "Oh, et puis tant pis si..."
- Des tests à répétition, sans vraiment de raison, mais bon, "on sait jamais, peut-être que c'était un signe".
- Des petites déceptions. "Toi, tu le prends bien, mais moi, je dois avouer que je suis un peu triste..."
- Des rêves si réels. "J'étais seule dans la chambre, dans le noir, et il était là, tout gentil, tout joufflu, juste dans mes bras."
- Des recherches passionnées. "Ça y est, j'ai trouvé comment on l'appellera !" "T'es sûr ? Non vraiment, il faut que j'y réfléchisse de mon côté..."
- Des sourires bêtes devant les nouveaux-nés à la télé. "Oh la la, ça me rend nostalgique, tout ça..."
- Des blagues douteuses. "Mais, c'est toi qui l'avais cachée ? Je l'ai cherchée des heures, ce matin !"
- Des calculs. Plein de calculs. "Dans huit mois, elle a 2 ans. Neuf mois plus tard, 2 ans 3/4... Et l'école, ce sera quand ?"
Toutes ces petites choses qui nous soufflent à l'oreille : "Et si, et si..." Et si on faisait un autre bébé ?
Mais au risque de vous décevoir (car je ne doute pas que vous souhaitiez voir la terre peuplée de mini Chat-mille), ce ne sera pas maintenant.
Je suis une fervente pourfendeuse du "bon moment" en matière de procréation (au contraire du Bon Moment de la séparation).
C'est vrai que certains couples, à moins de 30 ans, arrivent à cumuler deux CDI en 35h, deux voitures sur leur parking, deux alliances à leurs doigts, deux chambres dans leur propre maison (le tout sans multiplier les crédits, évidemment), et se demandent que faire de tout cet argent, de toute cette place et de tout ce temps libre.
Mais pour la plupart des gens, alors que le jeune lambda fait de plus en plus d'études et a de plus en plus de mal à trouver du boulot, ce n'est pas le cas. Et finalement, est-ce que ça vaut vraiment le coup d'attendre pendant des années que tous ces critères soient remplis, au risque qu'ils ne le soient jamais, ou dans très longtemps ?
Le bon moment, c'est avant tout celui où on se sent prêt (à peu près, car on ne l'est jamais vraiment) (et c'est peut-être bien quand on croit l'être le plus que la désillusion est la plus grande).
Oui mais.
On n'est pas obligés non plus de choisir le pire moment. Quand notre première est encore un bébé, qui ne parle pas, qui a encore tellement besoin de nous pour tout. Quand je ne sais pas ce que je ferai dans un mois (dit comme ça, c'est vrai que c'est assez effrayant), encore moins où je serai dans un an.
Oui, pour mon deuxième, je pinaille. Je n'exige pas un CDI, mais au moins un CDD durable. J'aimerais ne pas avoir deux bébés en même temps à la maison. Oui, j'en ai marre de galérer. Oui, je fais ma princesse.
Alors on s'y mettra peut-être dans six mois, dix mois, un an... En attendant on rêvasse, on imagine, on câline notre envie et on berce cet enfant imaginaire dans notre esprit... Et c'est une sensation douce et tendre aussi.
(Sûrement plus douce et tendre que la grossesse, d'ailleurs, une sensation que je regretterai certainement quand je vomirai mes tripes la tête dans les toilettes.)