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Choupie-chat, Papa-chat, la vie et moi...
12 mars 2015

Maintenant je sais.

J'ai un aveu à faire : j'admire les mères modèles. Quoique la mode soit de faire la part belle aux parents indignes, j'aurais aimé être moi-même une mère modèle. Vous savez, de celles qui cuisinent pour leurs enfants, qui leur fabriquent des activités Montessori et qui n'élèvent jamais la voix. Bon, je ne vais pas mentir, moi aussi je fais "gna gna gna" quand j'en entends dire que leurs enfants ont fait telle chose merveilleuse, qu'ils sont plus intelligents que tout le monde et que c'est grâce à elles. Je me moque, certes, mais je suis jalouse, en fait.

Je me demande où elles trouvent le temps de faire tout ce qu'elle font alors que quand Papa-chat rentre du travail et me demande ce qu'on a fait nous, ma réponse est invariablement : "Rien" (enfin, si, des fois je lui dis que Choupie a mangé un yaourt trouvé dans la poubelle ou qu'elle a décidé de vider la litière sale du chat à la main). Je sais bien, pourtant, que mes journées et les leurs ont le même nombre d'heures. En fait, je suppose que pendant que je végète sur internet en répétant que je veux mourir, elles épluchent des rutabagas pour leur délice de légumes oubliés, et que pendant que les rutabagas mijotent (tandis que moi je suis toujours vautrée et agonisante), elles préparent un parcours sensoriel avec des prospectus, de la litière pour chats (propre, chez elles) et de la mousse isolante pour grenier. J'aimerais avoir l'énergie de faire tout ça, mais il faut croire que je ne suis pas ce genre de mère-là.

J'ai mis longtemps, très longtemps à réaliser pourquoi les gens disaient toujours qu'ils avaient compris leurs parents quand ils étaient eux-mêmes devenus parents (j'en ai peut-être même déjà parlé ici, ou était-ce sur le blog précédent ? je ne sais plus). C'est venu lentement, mais maintenant je sais. Je sais à quel point c'est dur de rester calme quand notre enfant hurle pour une raison qui nous paraît absurde. Je sais qu'on peut en venir à détester la chair de notre chair à certains moments et à lui vouloir du mal. Je sais comme c'est fatigant d'être parent et comme on est crevé le soir. Je sais que c'est complètement différent de s'occuper de nos enfants et de s'occuper de ceux des autres.

Ceux des autres représentent une responsabilité temporaire alors que les nôtres font partie de notre vie. Ceux des autres, on les rend à la fin de la journée : ce n'est pas notre film qu'ils interrompent de leurs pleurs, ce n'est pas notre sommeil qu'ils piétinent avec leurs cauchemars. Ceux des autres, on s'en fout au fond qu'ils soient gentils, méchants, sages, pas sages, câlins, bagarreurs, intelligents ou bêtes. Ce n'est pas notre souci, ce n'est pas à nous de les élever. On n'attend rien des enfants des autres, alors qu'on attend tout de nos enfants : ils sont notre fierté, passée, présente et future.

choupie-bonnet

Oui, ça y est, j'ai compris mes parents. J'ai compris pourquoi ils étaient aussi agressifs et aussi exténués, pourquoi ils n'écoutaient pas quand on parlait, pourquoi ils nous punissaient au moindre écart. Je sais maintenant qu'il ne s'agissait pas une méthode d'éducation stupide et égoïste, mais qu'ils faisaient ce qu'ils pouvaient avec leur sensibilité et leurs moyens. Comment ai-je pu ne pas le voir avant ? C'est sans doute moi qui étais stupide et égoïste.

Cela ne signifie pas que je veux élever mes enfants comme j'ai été élevée. C'était un autre temps, un autre contexte. Il n'y avait pas internet, mes parents n'avaient sans doute pas beaucoup l'occasion de discuter éducation avec d'autres parents, ils travaillaient tout le temps, partaient tôt et rentraient tard. Moi j'ai ce luxe d'avoir le temps et la possibilité de m'interroger, de pouvoir le dire quand je suis au bord du burn-out et d'avoir de gentilles personnes pour me donner des conseils tirés de leur expérience ou pour me dire tout simplement qu'elles vivent la même chose (ce qui est déjà un réconfort).

Je ne suis pas une mère parfaite, je ne sais pas faire ça. Ma fille mangera forcément des choses trop grasses, trop salées et trop sucrées, elle jouera aux barbies putasses, regardera des dessins animés débiles et m'entendra sûrement crier plus d'une fois. Elle ne sera probablement pas surdouée, sa maîtresse la trouvera peut-être trop bavarde ou trop effacée, je n'exiberai pas sur Facebook des bulletins scolaires remplis de smileys. Possible qu'on m'appelle même "mère démissionnaire" parce que je ne lui aurai pas appris à lire avant 6 ans et que j'aurai systématiquement piscine le jour des sorties scolaires. Quand elle sera plus grande, Choupie aura sans doute une liste longue comme le bras de choses à me reprocher.

Ce n'est pas pour autant que je ne veux plus le meilleur pour elle. Mais je crois que j'ai un peu changé d'avis sur la définition. A mon sens, le meilleur pour elle, c'est qu'elle prenne du plaisir à vivre et qu'elle se sente libre de faire ce qu'elle a envie (au sein des limites fixées). Si ça implique de manger (parfois) des cochonneries et d'avoir des jouets en plastoque moches, eh bien ce n'est pas un drame. Au moins elle aura des sujets de discussion avec ses copains ("Les frites, c'est bon mais la pizza, c'est délicieux, et Hello Kitty, elle est plus belle que Miffy !"). En tout cas, le meilleur pour moi, c'est de cuisiner quand j'en ai vraiment envie, de m'occuper des projets qui me tiennent à coeur plutôt que de faire de ma maison une réplique du cirque Zavatta et de réussir à extérioriser d'une façon ou d'une autre la colère et la frustration que je sens en moi souvent parfois.

Si possible pas en criant, certainement pas en tapant, et en évitant au maximum de punir. Je n'ai pas abandonné complètement mon projet éducatif en comprenant que ce serait difficile. Je veux toujours qu'elle se sente libre, aimée et écoutée. Mais je sais que ça ne passera pas forcément par les nouvelles pédagogies et l'éducation bienveillante que j'ai pu idolâtrer. Je crois que chaque jour il faudra réfléchir pour trouver notre équilibre entre conformisme et modernité, hors des sentiers battus, loin des idées toutes faites.

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Commentaires
M
Les mères parfaites n'existent pas, il n'y a que des mythos! Elles crient sur tous les toits quand elles font quelque chose de "bien": Une chambre montessori, des petits pots maison, la motricité libre, un pull tricoté avec les dents...elles ne disent rien quand elles collent leur bébé dans un lit à barreau le week end pour dormir peinard, quand elles donnent un pot blédina, qu'elles scotchent leur bébé dans leur transat pour pouvoir prendre une douche, qu'elles achètent des pyj made in china. Pourtant elles font ces "erreurs", les "erreurs" que l'on fait TOUTES. Pourtant malgré ces "erreurs" (le transat c'est caca ouh lala) la plupart des bébés grandissent et progressent tout aussi bien.<br /> <br /> <br /> <br /> Pour moi, une mère parfaite est une mère qui se pose des questions. Pas une mère qui suis à la lettre les recommandations de blogueuses ou autre pedo-psy.<br /> <br /> <br /> <br /> Ta fille ne se souviendra pas de ses petits pots indus, ni de l'état des sols de la maison, ne sera pas plus malheureuse ou débile parce qu'elle jouera avec des poupées blondes et pas des planchettes en bois.<br /> <br /> <br /> <br /> Que la force soit avec toi! :-)
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A
Moi je n'admire pas les mères modèles ! Soit ce ne sont que des menteuses qui nous présentent une image parfaite, mais qui ne te laisseront jamais mettre les pieds chez elles parce qu'en fait elles sont débordées et c'est encore plus le bazar chez elles que chez toi (ça me plait bien de penser ça, en fait ça me rassure !), soit elles sont psychorigides et font de leurs enfants de futurs psychopathes !! :-D<br /> <br /> Du coup je fais de mon mieux, parfois je prépare une activité pour ma fille, et parfois je la laisse regarder des dessins animés (bah quoi faut bien se libérer du temps pour écrire son blog !), parfois je lui fais des petites purées, parfois elle mange un petit pot (bon en fait c'est pas vrai, maintenant elle mange comme nous !), parfois je suis calme, et parfois je crie (ça fait du bien !!!) Mais après je lui explique pourquoi j'en suis arrivée là. <br /> <br /> Bref, on a tous adoré certaines grandes théories et ça n'est pas les abandonner que de les adapter à notre mode de vie !
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B
J'adore ton article, chaque phrase, chaque réflexion. Je pourrais le signer des 4 mains. Moi aussi maintenant je sais. Moi aussi je loque sur internet au lieu de do it yourser des guirlandes lumineuses ou du liniment bio. Et au fond, basta. On fait ce qu'on peut, on donne le max, parfois pas toujours d'ailleurs, et tant pis. A chacun d'inventer sa propre histoire de famille avec ses capacités et surtout ses envies ! <br /> <br /> Merci !
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Z
L'important c'est d'être en phase avec toi-même, ne pas s'imposer une nouvelle personnalité parce qu'on devient parent. Moi aussi j'aimerais ne pas crier, j'essaie, mais j'ai du mal. Parfois j'y arrive, parfois non.<br /> <br /> C'est important aussi de se rendre compte que l'on fait des erreurs, ou qu'on a des réactions excessives, et s'en excuser auprès de l'enfant, ça fait avancer les choses.<br /> <br /> Et puis des fois tu as juste besoin d'être un peu égoïste et prendre du temps pour toi, alors fais le! Sans culpabiliser, tu as le droit, et tu en reviens plus sereine.
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L
Mais euh! arrête d'écrire des articles que je veux presque systématiquement sélectionner pour mon florilège! Bouh!<br /> <br /> j'aime ce que tu écris, je comprends ce que tu ressens (du moins, je pense) et je suis en pleine rédaction d'un article tartine sur la parentalité (entre autre).<br /> <br /> Bonne journée à végéter!<br /> <br /> je m'en vais préparer des légumes oubliés (en vrai, je lui en fait souvent mais je ne suis pas parfaite pour autant)
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Choupie-chat, Papa-chat, la vie et moi...
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